Blue Charity Business

Alerte : une réforme sous influence

Nul ne nie la nécessité d’une réforme de la Politique Commune de la Pêche (PCP), ni d’un débat sur cette réforme, associant l’ensemble des citoyens et donc des ONG. Cependant, le projet de réforme porté par Maria Damanaki est profondément marqué par l’influence du modèle américain essentiellement libéral et conservationniste. Pour faire passer ce modèle en Europe et dans le monde entier, de puissantes fondations ont engagé un lobbying forcené, utilisant avec l’appui de leur argent tous les relais possibles pour influencer le grand public et les décideurs : scientifiques, journalistes, ONG environnementalistes. Le vocabulaire devient un enjeu de communication manipulé par des agences de lobbying... Suite du texte d’Alain Le Sann 

Nouveau : Décodage et repérage du Blue charity business dans Blue Lobby Transparency

Rendre transparent la conservation des océans et le Blue Charity Business

Blue Charity Business : De richissimes fondations ont engagé un lobbying forcené...

Le rapport Blue Charity Business est sorti le 6 novembre 2012.

Télécharger le rapport en Français en cliquant Ici pour comprendre tous les ponts mis en place par ces puissantes fondations nord-américaines entre la réforme de la pêche étatsunienne (Magnusson-Stevens Fisheries act) et celle de la pêche européenne (PCP) 

"Blue Charity Business" dans les médias

Depuis la mise en ligne du rapport, une série d'articles en relation avec cette thématique ont été publiée dans les médias et sur plusieurs blog...  L'ensemble de la revue de presse est en bas de cette page...

Pêche : business bleu

Alternatives Economiques n° 319 - décembre 2012

Le collectif Pêche et développement a jeté un pavé dans la mare aux idées reçues sur la gestion durable de la pêche. Son rapport "Blue Charity Business" montre que les nombreuses ONG mobilisées contre la surpêche (WWF, Greenpeace, New Economic Foundation…), et qui contribuent par leur lobbying à Bruxelles à orienter la réforme en cours de la politique européenne, sont largement financées par une poignée de grosses fondations, principalement américaines. Or, celles-ci, met en garde le rapport, notamment vis-à-vis de leurs bénéficiaires, tendent à présenter la pêche dans son ensemble comme un pillage organisé des mers, ce qui est parfaitement faux. Elles prônent aussi une gestion privative des quotas de pêche. Des influences qui pourraient se traduire par une chute drastique de l'emploi dans le secteur, à laquelle l'opinion aura été préparée par des messages présentant une vision caricaturale des problèmes environnementaux liés à cette activité.

Le business caritatif contre les pêcheurs

Ouest France - vendredi 09 novembre 2012

L'association Pêche et développement critique les fondations américaines qui visent « la mise sous tutelle » des pêcheurs.

La polémique
Des millions de dollars pour un retour à la nature vierge. C'est ce que dénonce l'association lorientaise Pêche et Développement, en s'appuyant sur les conclusions d'un rapport intitulé Blue Charity Business - le business caritatif de l'environnement marin, auquel elle a contribué.

La diabolisation des pêcheurs
Le rapport s'attarde, entre autres, sur les intentions de riches fondations américaines qui soutiennent « la mise sous tutelle » des pêcheurs. Elles ont leurs relais en Europe et pèsent, selon Pêche et Développement, sur les orientations de la politique commune des pêches de l'Union européenne. Leur but, selon Pêche et Développement : « Affaiblir le poids des pêcheurs et leur présence en mer pour libérer des espaces pour des activités nettement plus lucratives, tourisme, énergie, extractions diverses. Pour cela, assène encore Pêche et développement, il faut diaboliser la pêche. » 


L'étude qui secoue la pêche artisanale

Sud Ouest – vendredi 30 novembre 2012

Philippe Baroux

Les Américains ont souvent un coup d'avance. Du moins a-t-on coutume de le dire. Celui qu'ils jouent sur la réforme en cours de la politique commune des pêches (PCP) n'est pas un modèle du genre. C'est l'avis que formule Pêche et développement, un collectif qui soutient la pêche artisanale et les travailleurs de la mer, et vient de publier « Blue Charity Business dans les pêches européennes ». Dans ce panorama rédigé par le consultant rennais Yan Giron et auquel ont contribué deux membres du collectif, Yann Le Sann et le Rochelais Philippe Favrelière, est décortiquée l'influence de certaines organisations caritatives américaines sur l'organisation de la pêche.

Les négociations sur la réforme de la pêche maritime dans l'Union européenne arriveront à leur terme en 2013. Selon cette étude, un groupe restreint de fondations caritatives, principalement américaines, a investi plusieurs dizaines de milliers de dollars pour soutenir des activités de lobbying. Finalité de la démarche ? Peser, via les organisations non gouvernementales qu'elles financent, sur la définition de la politique commune des pêches. Ces fonds privés seraient mobilisés pour infléchir une politique publique et parvenir à une mise sous tutelle de la pêche européenne, comme c'est arrivé aux États-Unis, exprime en substance l'auteur de l'étude. Le but, selon Pêche et développement, serait d'affaiblir le poids des pêcheurs et leur présence en mer. En appuyant sur l'indispensable retour à une nature vierge. La ficelle n'est pas nouvelle. Elle consiste à diaboliser une filière, « afin de libérer des espaces en mer pour des activités nettement plus lucratives : tourisme, énergie, extractions diverses. »


Un rapport qui dénonce le « lobbying anti-pêche » de certaines fondations

La Voix Du Nord - Dimanche 27 janvier 2013

Céline Rudz

En octobre dernier, le cabinet Arméris a rédigé, pour le collectif Pêche et développement, le rapport Blue charity business...

Ce dernier a été présenté vendredi matin au Comité régional des pêches. Objectif de ce document : « Présenter l'investissement et l'action des fondations anglo-saxonnes de 2000 à 2011 dans le lobbying pour faire évoluer la réforme de la politique commune de la pêche (PCP) ».

Le collectif Pêche et développement est composé « d'anciens pêcheurs, de chercheurs, de retraités...détaille Philippe Favrelière, l'un de ses membres. On veut comprendre ce qui se passe pour la pêche au niveau international, européen, local . »

« Pas en guerre contre ces fondations »

Le rapport évoque « cinq ou six fondations majeures, imprégnées de conservationnisme, dont les idées sont souvent éloignées du terrain », souligne Yan Giron, du cabinet Arméris. Ces fondations percevraient chaque année « 1,1 milliard de dollars de dons, dont 200 millions destinés à l'environnement. On demande de la transparence, la publication des comptes. On n'est pas en guerre contre ces fondations, mais il faut que le débat soit rééquilibré ».

Les auteurs du rapport prônent « une définition de la pêche artisanale au cas par cas » ; refusent «  toute condamnation d'une technique ou d'un mode de pêche a priori » ; et s'opposent à « la mise en place systématique de mécanismes de privatisation de la ressource à très grande échelle ».

Plusieurs pêcheurs ont assisté à la réunion de vendredi matin. Ils craignent de se voir « imposer une vision de la gestion de l'espace maritime » qu'ils ne partagent pas. « On ne regarde même plus ce qu'il y a au fond de la mer, remarque Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches. La Manche est complètement dévastée... »


Pêche. L'argent US dans le chalut des artisans

Source : Le Télégramme - Mardi 8 janvier 2013

Sophie Paitier

L'association Pêche et Développement a publié un rapport, fin 2012, sur l'influence des fondations américaines dans la gestion des pêches européennes. «Lapêche artisanale et clairement menacée», explique le porte-parole de l'association, AlainLe Sann.

Qui sont ces fondations américaines pointées dans le rapport que vous venez de publier sur le business caritatif de l'environnement marin ?
Alain Le Sann, porte-parole de Pêche et développement :
La plus importante est Pew Charitable Trust fondée il y a 80 ans, par une riche famille pétrolière. Sesdescendants sont encore présents dans la fondation. Il y a aussi la fondation Packard, issue d'Intel, la Walton Family foundation à qui appartient Walmart, une multinationale spécialisée dans la grande distribution, la plus grosse entreprise du monde. Il y a aussi la Gordon et Betty Moore foundation et les Rockfellers. Ces fondations financent de nombreuses Organisations Non Gouvernementales Environnementalistes (ONGE). Le maître du jeu, c'est Pew, car c'est un acteur direct. C'est notamment Pew qui a créé Ocean 2012, une coalition qui regroupe plus d'une centaine d'ONGE et très active à Bruxelles.

Quel est le rôle de ces fondations dans la pêche européenne ?
Les données récoltées montrent que depuis 2000, ces fondations ont très fortement soutenu des activités de lobbying pour influer sur les négociations de la réforme de la Politique Commune des Pêches (PCP). Elles ont investi au moins 75millions de dollars sur du lobbying direct. Elles ont soutenu dans la même période, des actions scientifiques à hauteur de 90M$ et des actions sur les produits de la mer durables à hauteur de 57M$. Elles financent Greenpeace et WWF. WWF a reçu 5M$ pour des campagnes de lobbying sur la PCP.

Quel problème cela pose-t-il ?
Ces fondations ont une vision conservationniste extrême des océans, fondée sur la vision américaine du «wilderness». Pour elles, la nature idéale, c'est la nature sans les hommes. Les valeurs sociales sont secondaires. Elles ont une stratégie mondiale et l'Europe est un endroit stratégique avec la réforme de la PCP qui doit entrer en vigueur cette année.

Leur but, qui est de défendre l'environnement, n'est-il pas noble ?
Le débat est biaisé. Elles organisent un véritable rouleau compresseur médiatique. Certes, elles partent de problèmes réels, tels que la surpêche, ou les rejets, mais en les dramatisant. Le but est de scandaliser l'opinion, pour que l'opinion publique fasse pression sur les élus. Leur objectif est de prendre le contrôle des océans et de déposséder les pêcheurs. De les éliminer de la bande côtière pour l'ouvrir à d'autres intérêts. L'environnement oui, mais derrière, il y aussi le tourisme, le pétrole, les énergies renouvelables et l'exploitation des terres rares marines. On peut penser que ces fondations américaines qui soutiennent aujourd'hui les ONGE ne sont pas neutres, au regard de leurs intérêts.

Des buts pas si nobles que ça donc...
Non. Ce nouvel eldorado marin va nécessiter de vastes zones marines libérées de toute activité concurrente. Ce sont les zones de pêche de la flotte artisanale. Et pourtant la question de la nourriture venant de la mer est fondamentale pour l'avenir.


Pew drops anchor in Europe

Worldfishing & Aquaculture - 21 mars 2013

Menakhem Ben-Yami

The American NGO Pew Charitable Trusts is spending millions of dollars financing NGOs that deal with marine conservation by coming into public and legal conflicts with the American fishing industry and management, reports Menakhem Ben-Yami.

‘The Pew’ originates from donations by the Pew family, an oil industry tycoon. Many American fishermen have been vocal in their suspicions about ideas and actions coming from that direction, claiming first that it's focusing on fisheries to avert public and political attention from industrial pollution, extraction of oil and minerals from the ocean and associated deterioration and destruction of coastal habitats; secondly that all the Pew and other NGOs conservationist crusades promote privatisation of fishery resources, through ‘catch shares’ or tradable quotas (ITQ, IFQ), relocating fishing rights from small-scale fishermen and their businesses to large owners and corporate interests.

More recently, it seems, the Pew and the NGOs it finances have discovered Europe. According to "BLUE CHARITY BUSINESS”, a report published by the French NGO Collectif Peche and Development (CPD), environmental NGOs, which are currently lobbying in Brussels in the current discussion about the reform of European Common Fisheries Policy, are among those who receive "millions of pounds donated via charitable trusts, funded by huge corporations that might just have a vested interest in swaying public opinion away from fishermen"

Conflict of interest

According to anthropologist Dr Mac Chapin, director, Center for the Support of Native Lands, who has worked with indigenous peoples of the South for over 40 years, corporate and government money ow into three big international organisations that dominate the world’s conservation agenda, their programs have been marked by growing conicts of interest with indigenous peoples. Dr Chapin believes that the involvement of corporate and multilateral donors limits the ability of small, independent NGOs' and local organisations to support indigenous peoples versus governmental and corporate infringements into their traditional territories. He also argues that these problems are not merely economic, for senior officials in many of the large NGOs now view indigenous peoples as ‘obstacles to effective conservation’.

According to CPD secretary Alain le Sann, such environmentalist, sometimes violent, pressure as in the global South is taking now place in Europe. It is aimed initially at weakening of the hold of fishermen on marine space, then to reallocate it away of them to other interests, such as ‘impatient’ conservationists and corporate interests controlling mineral extraction, energy, tourism, aquaculture, etc. To impose their wishes, the conservationists, who serve those interests, play on the sensitivity of public opinion to alarmist and catastrophist propaganda creating and directing public wrath to coastal fishermen.

Recently, the Pew Foundation has joined the Adessium Foundation, Sommerville College, and Oceans 5 (a coalition of charitable foundations including OAK, WAITT, Marisla, Moore, Planet Heritage) to form the Global Ocean Commission, a private interest coalition aimed at regulating oceans. It has a strong presence in Europe and France through its own NGO (Pew Environmental Group), other NGOs that it has created, and NGO coalitions it has initiated and is steering.

The push came with establishment of the Pew Ocean Commission in the USA some 10 years ago. The Ocean Commission, initially private, was later taken up by the US government and always piloted by high profile individuals (Leon Paneta who later became Director of the CIA under Obama-1 and Defense Secretary General under Obama-2), or linked to Pew during their career (e.g. Jane Lubchenco the now resigning head of NOAA).

For example, in a recent WWF study, funded by the Moore, the Walton Family (Walmart), and Packard foundations, the authors argue, quite contrary to the feelings of the people concerned, that well designed marine protected areas closed to fishing (MPAs) help to fight poverty. It seems to be Pew's strategy to ‘help’ governments with MPAs. In the case of France, its promotion of the "Grenelle de la Mer" approach regarding MPAs. For its project in the French outermost waters, Pew has recruited a French specialist, Jean-Paul Michel. Evidently, some Europeans think that those NGOs are acting for American maritime interests...

Pêche : Une réforme sous influence ?

Politis n° 1236 - jeudi 17 janvier 2013

Patrick Piro

À l’occasion du vote prochain de la réforme de la Politique commune des pêches, un rapport associatif met en lumière la forte implication financière de fondations états-uniennes à la vision très libérale.

L’année 2013 sera décisive dans le long processus de réforme de la pêche dans l’Union. En février, le Parlement européen votera sur les grandes orientations  [1]. En décembre dernier, sa commission Pêche les a ébauchées en adoptant un rapport proposant notamment d’atteindre d’ici à 2020 le « rendement maximum durable » (c’est-à-dire la reconstitution de leur « stock ») pour les espèces menacées par la surpêche, de mettre en place des plans de gestion par pêcherie, et de prendre l’engagement de régler le problème des rejets en mer  [2]. De nombreux travaux scientifiques suggèrent qu’entre la moitié et les trois quarts des espèces, de la Méditerranée à l’Atlantique Nord, sont prélevées au-delà de leur capacité à se renouveler. « Une décision courageuse […], un premier pas en faveur d’une pêche durable », a salué le WWF, bien que ses objectifs, comme ceux d’une majorité des ONG environnementales, soient plus ambitieux.

Cet optimisme mesuré n’est cependant pas partagé par tous. Le Collectif pêche et développement, siégeant à Lorient, qui défend les intérêts des petits pêcheurs face aux armements industriels, déplore ainsi la prééminence des objectifs de conservation des espèces sur la sauvegarde de la pêche artisanale, laquelle fournit des dizaines de millions d’emplois dans le monde. En novembre dernier, le Collectif publiait un rapport  [3] mettant en lumière l’influence de puissantes fondations environnementalistes anglo-saxonnes dans la réforme de la Politique commune des pêches (PCP). Elles auraient engagé des dizaines de millions de dollars depuis 2000, entre autres par le biais de subventions à de grandes ONG telles que le WWF, afin d’imposer à Bruxelles leur vision très libérale et conservationniste.

« Nous ne nions pas la nécessité de réformer la PCP, mais le problème complexe de la surpêche se trouve réduit à quelques slogans simplistes décrivant une catastrophe écologique, s’élève Alain Le Sann, président du Collectif pêche et développement. À terme, il s’agit de préserver l’intégrité des océans au prix de l’exclusion des pêcheurs, chargés de tous les maux. » Les fondations Packard, Moore, Walton Family, Pew ou Oak, citées par le rapport, défendent ainsi le modèle de conservation des espèces marines désormais en vigueur aux États-Unis, bâti autour de deux principes clés : l’attribution aux pêcheurs de « Quotas individuels transférables » (QIT) commercialisables, et la délimitation d’aires marines « Zéro pêche ».

La puissante ONG Environmental Defense Fund (EDF), sise à New York, est directement intervenue auprès de Bruxelles en faveur d’une marchandisation de l’accès aux ressources halieutiques dans l’ensemble de l’Union  [4]. Yan Giron, consultant indépendant et principal rédacteur du rapport accusateur, fait état de pressions de même ordre, issues du bureau états-unien de la fondation Oak, sur des ONG européennes qui auraient bénéficié de ses subsides. L’hypothèse d’une manœuvre idéologique dont le WWF serait le jouet irrite fortement Denis Ody, responsable du pôle « océan et côtes » de l’organisation. « Nous avons toujours été opposés aux QIT, qui se sont révélés contre-productifs pour la protection des ressources halieutiques là où ils ont été adoptés ! » Protestation similaire de Stéphan Beaucher, consultant indépendant auprès de Pew Environmental Group en Europe sur le dossier de la réforme de la PCP. « Par ailleurs, qui en France a été en mesure de financer un suivi par la société civile de la réforme de la PCP ? Le Collectif pêche et développement est-il gêné que des dollars permettent à des ONG d’intervenir dans un débat confisqué par les institutions européennes ? » Cependant, après des mois de tergiversations, la menace des QIT semble temporairement remisée, si l’on en croit les récentes orientations de la commission Pêche du Parlement européen. Mais, pour Yan Giron, la principale préoccupation vient du crédit croissant, auprès des décideurs, de l’autre « outil idéologique » états-unien : la création de zones d’exclusion des pêcheurs au motif de la reconstitution des stocks de poisson....

Yan Giron : " Les Fondations américaines doivent faire preuve de transparence"

Le Marin - vendredi 16 novembre 2012

Bernard Jégou

Comment les fondations américaines s'y prennent pour exercer leur influence en Europe, sur la réforme de la politique commune de la pêche en particulier ? C'est l'objet d'une étude réalisée par Yan Giron, consultant pêche chez Ameris, et publiée par le collectif Pêche et Développement....


Alerte : Une réforme sous influence

Bulletin du Collectif Pêche et Développement

N° 98-99 / 4e trimestre 2012 






Au sommaire :
 
  • Braving troubled waters. La pathologie de la gestion d’une ressource naturelle fluctuante

  • Océan Business. Multinationales, fondations et ONGE : les pêcheurs sous tutelle

  • Méditerranée. Le naufrage organisé de la pêche méditerranéenne 





Pour télécharger ce bulletin de 16 pages, cliquer Ici ou









Le business caritatif de l'environnement marin

Lorient, le 8 novembre 2012.

Le collectif pêche et développement a le plaisir de vous présenter le rapport « BLUE CHARITY BUSINESS ». Nous considérons ce document comme très important à la fois pour le grand public, les ONG et le secteur de la pêche.

Dans le cadre actuel de négociations de la réforme de la Politique Commune des Pêches européenne, il est essentiel que tous les acteurs qui cherchent à influer les débats soient pleinement transparents.

Ce rapport apporte un éclairage nouveau pour le grand public sur les financeurs des ONG Environnementales qui réalisent actuellement du lobbying à Bruxelles.

Ces financeurs sont un groupe restreint de fondations caritatives principalement américaines, qui ont investi plusieurs dizaines de millions de US$ pour soutenir ces activités de lobbying.

Pourquoi ?

Télécharger le rapport en Français (et en anglais) en cliquant Ici pour comprendre tous les ponts mis en place par les richissimes fondations entre la réforme de la pêche étatsunienne (Magnusson-Stevens Fisheries act) et la réforme de la pêche européenne (PCP)


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Communiqué de presse « Blue charity business »

L’ONG française Collectif Pêche et Développement vous informe de la sortie d’un rapport : « Blue Charity Business – réforme de la Politique européenne Commune des Pêches PCP ». Ce rapport a été réalisé par des militants de l’association et par un expert spécialisé dans les pêches. Il concerne l’inventaire préliminaire des financeurs des ONG Environnementales qui interviennent dans le lobbying de la réforme de la PCP. Pêche et Développement souhaite partager avec le grand public les principaux résultats de ce travail et les mécanismes qu’il a mis à jour.

La réforme de la PCP approche de son terme. Le rapport « Blue Charity Business » apporte des éléments d’information peu connus sur les influences en jeu dans le débat. Menée par Maria Damanaki, le projet de réforme est fortement inspiré et influencé par la politique mise en œuvre aux Etat-Unis, depuis quelques années. Comme aux Etats-Unis, elle privilégie une approche libérale et conservationniste de la pêche. Comme aux Etats-Unis, un des buts est probablement d’affaiblir le poids des pêcheurs et leur présence en mer pour libérer des espaces de la nouvelle frontière maritime pour des activités nettement plus lucratives, tourisme, énergie, extractions diverses ; pour cela il faut diaboliser la pêche en s’appuyant sur les réels problèmes qu’elle pose. Cette vision peut paraître en contradiction avec les discours sur la protection de l’environnement marin qui servent à justifier la mise en œuvre de cette politique.

Ces sont pourtant les conclusions qu’on peut tirer d’une analyse objective du rôle joué par une poignée de fondations anglo-saxonnes (en majorité américaines) qui ont engagé des dizaines de millions de dollars depuis 2000 pour façonner l’opinion publique et peser sur les décisions politiques afin de mettre les pêcheurs sous tutelle, au nom de la pêche durable. Nous pouvons concevoir que des fonds caritatifs soient consacrés à un lobbying environnemental. Ce qui nous surprend c’est la concentration de montants colossaux entre les mains d’un nombre restreint de financeurs, fortement marqués par une volonté de retour à la nature vierge. Pourtant ces puissantes fondations, issues de grosses fortunes, n’apparaissent que rarement au-devant de la scène. Pour soutenir leur stratégie, elles financent des universités, des scientifiques, des officines de lobbying, elles financent ou même créent des ONG environnementalistes. Aux Etats-Unis, les représentants de l’écologie libérale ont ainsi pris le pouvoir sur la politique des pêches et ont mis les pêcheurs sous tutelle des marchés ou des ONG environnementalistes. En Europe, le processus est engagé comme dans d’autres parties du monde. L’honnêteté des scientifiques ou des ONGE bénéficiaires des fonds généreux de ces fondations n’est pas en cause et plusieurs ONGE commencent à s’interroger sur l’ambiguïté de ces financements ; de même, toutes les fondations n’ont pas les mêmes objectifs.

Cette enquête «  Blue Charity business » vise à mettre en garde ces ONGE, les élus, les pêcheurs et le grand public  contre des mécanismes proches d’une mainmise  de quelques fondations sur la politique des pêches et la nouvelle frontière maritime. Elle vise aussi à redonner une transparence de la négociation du côté des fondations qui brandissent toujours facilement le spectre d’une opacité du secteur des pêches.

Le rapport est accessible ligne sur le site du Collectif  www.peche-dev.org
contacts : peche.dev@wanadoo.fr,  ad.lesann@wanadoo.fr, yan.giron@armeris.fr


Revue de presse :

08 novembre 2012



09 novembre 2012


10 novembre 2012

13 novembre 2012


14 novembre 2012


 
25 novembre 2012  


26 novembre 2012 

    30 novembre 2012

    4 décembre 2012

     9 décembre 2012

      16 décembre 2012


      17 décembre 2012

      21 décembre 2012

        Janvier 2013
        • Sciences Ouest (N°305 - Janvier 2013) : Écologie : amie des poissons ?
        • Fishing News International (January 2013) : Report. What drives the greens? US foundations fund fisheries lobbying

        6 janvier 2013
          
        8 janvier 2013

        17 janvier 2013

        20 janvier 2013

        22 janvier 2013

        24 janvier 2013

        27 janvier 2013

        30 janvier 2013


          Février 2013

          5 février 2013

          6 février 2013

          11 février 2013

          20 février 2013

          Mars 2013

          7 mars 2013
          21 mars 2013


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          23 septembre 2014 : Deux ans après la sortie du rapport "Blue Charity Business"

          Urgence : Relecture de la filière pêche sous l'angle géopolitique...

          La relecture de la filière pêche sous l'angle géopolitique est urgente.

          Illustration : Bloom présente sa nouvelle production "Menaces en eaux profondes" avec les pêcheurs dans le rôle des méchants

          La France détentrice de la plus vaste superficie maritime, après les USA, est fondée à mettre en œuvre, une politique courageuse de protection de ses zones maritimes. Le contrôle des AMP, la cohabitation entre l'activité halieutique, son maintien, et l'exploitation pétrolière en mer profonde nécessite de fortes avancées diplomatiques. Les alliés traditionnels de la France comme les USA ont plus intérêt à participer à la préservation des océans, à nos côtés, qu'à servir de cadre à des manigances fumeuses et gravement destructrices.

          Décryptage de Richard Honvault - Conseiller municipal (UDI/Nouveau Centre) de Boulogne-sur-Mer et Secrétaire national du Nouveau Centre en charge de la pêche, de la mer et de l'économie portuaire

          La pêche en eau profonde, un nouvel enjeu géopolitique ?

          Source : Huffingtonpost / 23/09/2014

          Une vaste opération, à caractère géostratégique, est menée pour confisquer de vastes espaces maritimes et océaniques au bénéfice exclusif des intérêts américains. Cette manipulation est relayée en France et dans le monde par des ONG en relation étroite avec les acteurs américains de cette entreprise.

          D'après l'excellente enquête de Yan Giron sur le trust caritatif américain PEW et l'article de Stéphane Foucart paru dans Le Monde Planète le 9/07/2014, se dessine un nouvel eldorado et les prémices d'une guerre économique violente, au détriment des océans, sous bannière écologique. La France, 2ème espace maritime mondial, après les USA, doit-elle laisser faire?

          Le 10 décembre 2013, les eurodéputés rejettent l'interdiction de la pêche en eau profonde mettant en échec l'association Bloom un puissant lobby écologique. La méthode de Bloom, dirigé par Claire Nouvian, illustre la stratégie de communication dite "création de certitudes" visant à contredire les rapports scientifiques d'Ifremer, favorables à la pêche en eaux profondes, par des contre rapports légitimant cette interdiction et par une pétition de 300 scientifiques, tous liés au trust caritatif PEW !

          1/3 des pétitionnaires sont étudiants ou doctorants d'institutions scientifiques américaines directement financées par PEW et les 2/3 restants sont des bénéficiaires via des réseaux comme Sea Around Us doté à plus de 20 millions de dollars, par PEW.

          Au nom de la défense de l'environnement et de la faune maritime, la pêche de grand fond serait interdite dans des Aires Marines Protégées (AMP) ce qui faciliterait de futures extractions minières offshore au profit d'intérêts politico-économiques américains. Les trusts caritatifs comme PEW sont au cœur du lobby des ONG visant à la création des AMP dans le monde.

          En 2009, le Royaume-Uni, ciblé par les lobbies écologiques américains, a adopté le "Marine and Coastal Access Act" (loi d'accès maritime et côtier) qui instaure une catégorie spécifique d'AMP, les MCZ (marine conservation zone) ou zones de préservation de la biodiversité des fonds marins. Prévue en 2013, l'officialisation par le gouvernement britannique des 127 MCZ, est différée.

          La communauté maritime française craint que ces MCZ ne menace gravement l'activité des flottes de pêche. La sanctuarisation de plus de 50% des zones, interdisant de fait la pêche induit la disparition du droit de pêche, de 5 000 emplois directs et de notre souveraineté maritime. Interrogé sur ce point, par Hervé Morin, (question parlementaire JO du 18/12/2012), le ministre des transports, F Cuvillier s'est voulu rassurant (réponse p7578, JO du 16/07/2013). Depuis lors, aucun point d'étape n'a été communiqué par les services de l'État.

          Le PEW Charitable Trusts est intervenu, sur la réforme communautaire de la pêche et son interdiction en grand fond. Ciblant le parlement européen et l'opinion publique de l'UE, PEW est à la base d'un consortium d'ONG, regroupant OAK Fundation, Adessium (Hollandaise), le WWF, Greenpeace et Birdlife international, mobilisant 140 millions de dollars. L'argumentaire scientifique est établi par l'université de Colombie britannique pour un coût de 2à millions de dollars payé entièrement par PEW.

          Les cartes établies par "Blue Lobby" pointent la superposition d'enjeux (pêche, défense, commerce, terres rares marines) dans les zones visées, attirant les appétits américains. Des lobbies réclamant la création de ses AMP, financés ou en lien avec les administrations et les compagnies pétrolières américaines, affirment que l'exploitation pétrolière serait un mode durable de financement de la préservation des mers citant les études d'impact financées par ces industriels liés à PEW!

          La famille PEW qui a fait fortune dans le pétrole, créé, dans les années 80, son trust caritatif le "PEW Charitable Trusts" avec un capital de 5 milliards de dollars placé sur les marchés financiers internationaux, générant des gains annuels de 300 millions de dollars, défiscalisés (conformément aux lois US) et affectés au programme d'actions du trust. Classé 12ème aux USA, ce trust serait devenu organisateur et financeur du lobby "Océan" d'autres ONG.

          Le prisme écologique du PEW Charitable Trusts est lié au recrutement de Joshua Reichert organisateur reconnu des larges campagnes de lobbying environnemental depuis 1991. En 2011, la part « Océan » représentait 50% des activités de puissance (lobby auprès des élus) et 32% du total des activités du trust, soit 100 millions de dollars par an.

          Les trusts, tel que PEW, cherchent à investir tous les espaces régaliens nationaux ou internationaux en opacifiant les liens de dépendances publics/privés.

          De 2009 à 2013, PEW génère du lobbying afin que les USA ratifient la Convention des Nations Unis sur les droits de la mer. La campagne de PEW ou American Sovereignty Campaign, à destination des représentants du Congrès, défend l'extension et la protection des plateaux continentaux US (faciliter l'exploitation pétrolière), des voies maritimes et des câbles sous-marins mais aussi le survol des espaces maritimes et la lutte contre la piraterie des mers. A ce jour, la Convention n'a pas été ratifiée par le Congrès américain.

          Les liens entre PEW et l'administration Obama sont nets ; Léon Panetta, président de la PEW Océans Commission, a pris la direction de la CIA de 2009 à 2011. En 2013, il retourne à la Joint Ocean Commission Initiative JOCI; l'application de l'Act de Conservation sur les pêcheries, confiant les pêcheries aux Etats, implique les ONG (Walton (Walmart), Moore (Intel), Packard, Oak Fondation) dans le financement de la pêche.

          Les trusts caritatifs américains interviennent aussi en Asie Pacifique via des AMP de grande ampleur, définies par le programme Global Ocean Legacy de PEW pour limiter l'emprise spatiale des flottilles de pêche chinoises et asiatiques. PEW est en synergie d'objectifs politico-industriels avec des institutions telles que la Banque Mondiale via la Global Ocean Commission et la High Seas Alliance.

          La relecture de la filière pêche sous l'angle géopolitique est urgente. La France détentrice de la plus vaste superficie maritime, après les USA, est fondée à mettre en œuvre, une politique courageuse de protection de ses zones maritimes. Le contrôle des AMP, la cohabitation entre l'activité halieutique, son maintien, et l'exploitation pétrolière en mer profonde nécessite de fortes avancées diplomatiques. Les alliés traditionnels de la France comme les USA ont plus intérêt à participer à la préservation des océans, à nos côtés, qu'à servir de cadre à des manigances fumeuses et gravement destructrices.

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          Encadrement du lobbying en France

          En France, la pratique du lobbying reste une activité opaque dont les règles du jeu sont loin d'être clairement établies. Après une tentative de réforme en 2009, l'Assemblée nationale (1) est sur le point de durcir son règlement pour rendre l'activité des lobbyistes plus transparente. Des mesures saluées par Transparency International, qui milite depuis plusieurs années sur le sujet.

          « Fin 2012, seuls 173 lobbyistes sont inscrits à l’Assemblée et 115 au Sénat sur plus de 4600 répertoriés par Transparency et regards Citoyens », explique Transparency dans son rapport « Pour un lobbying transparent et démocratique ».  Des données si peu transparentes qu’il est impossible de savoir quels sont réellement les intérêts représentés au Parlement, ni les moyens humains et financiers mis en œuvre pour les défendre. Or, comme le rappelle Transparency, cette opacité pose un problème de traçabilité des décisions politiques : quelles sont les entreprises et les personnes que rencontrent les parlementaires avant leur vote ? Qui est auditionné et sur quel sujet ? Comment ont-ils arbitré entre différents intérêts ? « Les décisions publiques étant prises en leur nom, les citoyens doivent pouvoir savoir comment leurs représentants ont fondé leurs décisions » souligne l’ONG. Aujourd’hui cependant, ces principes ne sont pas garantis. Aucune institution n’a mis en place un système assurant un accès équitable des différents groupes d’intérêts aux décideurs publics ». Concernant la traçabilité, l’étude conduite par Transparency International France et Regards Citoyens en 2011 a ainsi montré que seulement 38% des rapports publiés par l’Assemblée nationale entre juillet 2007 et juillet 2010 contenaient la liste des personnes et organisation auditionnées. Et la réforme entamée en 2009 par l’Assemblée nationale n’a pas eu les résultats escomptés.

          Encadrement du lobbying : l’exemple du Québec

          Le Québec a voté en 2002 une « loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme » et a mis en place un Commissaire au lobbyisme. Nommé par les 2/3 de l’Assemblée nationale, son rôle est de faire respecter la loi au sein de l’ensemble des institutions publiques (Parlement, ministères, administrations, municipalités…). La loi québécoise rend notamment obligatoire l’inscription des lobbyistes (dans un sens très large) sur un registre public. Ce registre compte aujourd'hui plus de 3 000 inscrits, un chiffre en constante augmentation. Les lobbyistes doivent déclarer l’objet de leurs activités de lobbying, les personnes et organisations qu’ils souhaitent rencontrer ainsi que les positions qu’ils vont défendre. La Loi interdit, pendant 2 ans après la fin d’un mandat, d’exercer des activités de lobbying auprès d’une institution au sein de laquelle les élus avaient des fonctions ou avec laquelle ils étaient en relation.

          Des cas d’exclusion

          Dans son récent rapport sur les lobbies à l'Assemblée,  le député PS Christophe Sirugue, nouveau président de la délégation chargée des représentants d’intérêts, formule plusieurs recommandations -dont l'interdiction de certains lieux du Palais-Bourbon aux lobbyistes, comme la salle des Quatre Colonnes et de salle des Pas perdus, lieux de passage des députés et des médias. « La pratique du lobbying en tant que telle, à savoir arpenter les couloirs à la rencontre de parlementaires, est décrite comme inefficace et potentiellement source d'incidents », peut-on lire dans le rapport. Les lobbyistes devront désormais, chaque fois qu'ils viennent à l'Assemblée, s’enregistrer et pour cela être inscrits au préalable sur la liste de représentants autorisés. Le principe de cette liste, qui existe depuis 2009, n’a toutefois pas fait ses preuves jusqu’ici et Christophe Sirugue entend bien durcir son fonctionnement. Il avait d’ailleurs fait exclure, dans la suite de l’affaire Servier, plusieurs lobbyistes travaillant pour des grands groupes (Monsanto, Bayer Cropscience, DuPont de Nemours, Syngenta). Car si le lobbying n’est pas contesté en tant que tel - les décideurs publics ont aussi besoin d’expertise sur de nombreux sujets et d’informations claires pour prendre leurs décisions- l’aspect opaque des procédés visant à « faire pression » dans l’ombre contribue largement à décrédibiliser le secteur.... D'après Novethic : Le lobbying enfin encadré ?

          Lobbying à l’Assemblée nationale : Transparency International France apporte son soutien à des propositions nouvelles, à même de renforcer la transparence

          Plusieurs propositions adoptées mercredi par le Bureau de l’Assemblée nationale reprennent les recommandations formulées par Transparency International France (2). Alors que le dispositif de 2009 pour encadrer le lobbying au Parlement a fait la preuve de sa quasi inutilité, Transparency France salue cette volonté de progrès et invite les parlementaires à mettre en place sans délai les dispositions proposées. Il s'agit de solliciter la confiance des citoyens sur la base de la transparence et d’une éthique affirmée de la vie publique.

          « Pour la première fois, les propositions lucides faites par le groupe présidé par M. Sirugue, font face à de vraies questions et convergent avec plusieurs de nos demandes depuis 4 ans », indique Anne-Marie Ducroux, administratrice de Transparency International France.

          « On résumait encore les enjeux du lobbying aux questions de badges ou d’accès, c’est à suivre bien sûr, mais ce n’est pas la dimension du sujet !  C’est pourquoi nous avons dû récapituler en décembre 2012, les enjeux, les principes et nos propositions issues d’échanges multiples depuis 4 ans avec les acteurs concernés et nous soutenons les propositions de M. Sirugue ».

          (1) Assemblée nationale / Représentants d’intérêts
          Cliquer Ici pour télécharger Rapport présenté par M. Christophe Sirugue, Président de la délégation chargée des représentants d’intérêts et des groupes d’études / Au nom du groupe de travail sur les lobbies à l’Assemblée nationale / Réunion du Bureau de l’Assemblée nationale du 27 février 2013

          (2) Transparency France a ainsi publié tout récemment un rapport « Pour un lobbying transparent et démocratique ».

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          Le bal des lobbyistes

          A Bruxelles, il y a environ 15.000 lobbyistes qui espèrent influencer les politiques européennes en leur faveur. D'autre part, des militants luttant pour une plus grande transparence dans la politique européenne.

          ARTE présente le documentaire "The Brussels Business - Qui contrôle réellement l'Union européenne" et le documentaire "Dans les coulisses du pouvoir."

          Mardi 12 février 2013 à 20:50

          Tous les Européens ne sont pas lassés de l'Europe. 15.000 lobbyistes parcourent activement le quartier européen de Bruxelles pour pousser les politiciens à décider des "bonnes lois" et défendre les intérêts commerciaux globaux de leurs clients opérant au niveau international.

          Certains militants combattent inlassablement pour une plus grande transparence dans ce toile de secrets, car ils sont convaincus que l'idée européenne vaut plus que des intérêts purement économiques - et que les citoyens de l'UE ont le droit de transparence, l'une des conditions de la démocratie.

          Au milieu de la crise de l'UE, ARTE pose une question politiquement explosive : Pourquoi aussi peu d'informations sur ces lobbys qui cherchent à influencer les décisions politiques en Europe?
           
          Bruxelles business

          Mais qui contrôle vraiment l'Europe ?

          ZDF / © Friedrich Moser
          mardi, 12 février 2013 à 20:50

          Rediffusions :
          24.02.2013 à 01:35
          05.03.2013 à 09:45
          Bruxelles business
          (Belgique, Autriche, 2011, 74mn)
          ZDF
          Réalisateur: Friedrich Moser, Matthieu Lietaert
          Stéréo 16 / 9 HD natif

          Comment, à Bruxelles, les lobbys financiers et industriels influencent les décisions européennes. Une enquête instructive au coeur de réseaux d'influences qui mettent en jeu le principe même de notre démocratie.

          Aux abords des institutions européennes, il existe pas moins de 2 500 structures de groupes de pressions et plus de 15 000 lobbyistes. Ce qui fait de Bruxelles le deuxième pôle de lobbying après Washington ! Cette enquête propose de pénétrer dans les coulisses, souvent obscures, de la Commission européenne, là où se décident, se peaufinent et s'amendent des lois qui touchent directement les citoyens de l'Union. Un système législatif complexe et fragile que les industriels et les multinationales ont appris à manipuler et influencer via des représentants au carnet d'adresses bien rempli, experts en techniques de persuasion.

          L'Europe sous influence

          Pour mieux comprendre ces réseaux secrets d'influences, les réalisateurs ont rencontré notamment deux d'entre eux : Pascal Keineis représente à lui seul quarante multinationales dans le secteur des services, des banques et des assurances et du tourisme, soit 50 % du PNB de l'UE. À son opposé, le jeune activiste Olivier Hoedeman a créé il y a vingt ans un observatoire pour cerner l'influence de l'industrie sur les décisions de Bruxelles. Au début de ses recherches, il avait notamment découvert l'existence de l'ERT, groupe de pression réunissant les plus gros industriels européens, qui aurait influencé directement la création du marché unique en 1993 et ses modalités très libérales. Documents à l'appui, il a révélé ses informations dans un livre mais aucun média ne les a relayées ! Seul le vice-président estonien de la commission Siim Kallas a répondu en 2004 à son appel : il lancera le très controversé registre des lobbys, finalement ouvert uniquement... sur la base de la participation volontaire. La transparence est donc loin d'être de mise, surtout quand on constate que le comité nommé pour réguler les marchés financiers après la crise de 2008 est composé de prétendus sages en lien, pour la plupart, avec les banques.

          22:05  

          Dans l'antichambre du pouvoir

          Rencontres rares avec des lobbyistes allemands et français qui oeuvrent dans les coulisses des parlements.

          ZDF / © Michael Plundrich
          mardi, 12 février 2013 à 22:05

          Rediffusions :
          24.02.2013 à 02:50
          05.03.2013 à 11:00
          Dans l'antichambre du pouvoir
          (Allemagne, France, 2011, 27mn)
          ZDF
          Réalisateur: Henno Osberghaus, Anna Grün
          Stéréo 16 / 9 HD natif

          Rencontres rares avec des lobbyistes allemands et français qui oeuvrent dans les coulisses des parlements.

          Ils représentent des fédérations ou des entreprises ou exercent comme consultants indépendants en charge d'un portefeuille de plusieurs clients dont ils défendent les intérêts auprès des décideurs politiques. La journaliste Anna Grün a pu accompagner exceptionnellement quelques-uns d'entre eux, notamment Corinne Fabre, une pointure du lobbying à Paris, et Karl Jurka, consultant allemand qui, pour 650 euros de l'heure, déploie tous ses talents et contacts pour influencer les décisions du parlement allemand notamment lors de rendez-vous discrets dans le très select China club... Leur objectif : donner la bonne information à la bonne personne. Si l'avis des acteurs du monde financier et industriel évite d'être coupé de la réalité d'un pays, la manière dont il pèse sur les décisions manque cruellement de transparence selon la députée PS française Catherine Lemorton. La faute selon elle au désengagement de l'État dans les expertises publiques désormais laissées aux seuls consultants extérieurs. À tel point que souvent les intérêts privés priment sur l'intérêt général, à l'instar de la loi sur le prix du médicament votée en Allemagne : le bénéfice thérapeutique qui conditionne le remboursement sera évalué non par un comité indépendant, comme proposé en première instance, mais par le ministère, plus facile à influencer. Un amendement directement proposé par l'industrie pharmaceutique et repris tel quel par le Parlement.

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          Connivences entre lobbys américains et députés européens sur le dos des citoyens

          Source : a-brest

          Les lobbys ont toujours tenté d’influencer les politiques. Mais lorsqu’il s’agit de lobbyistes américains qui arrivent à faire passer mot pour mot certains textes de loi en Europe avec la complicité de nos députés, il y a d’autant plus de quoi s’interroger que cela va dans le sens des entreprises US et non du citoyen européen.
          Un article traduit du chroniqueur anglais Glyn Moody, souvent traduit sur le Framablog)
          Heureusement que nous avons désormais des sites qui permettent de mieux connaître le comportement individuel des députés et leurs éventuelles « sources d’inspiration ». Heureusement aussi que nous avons des structures comme la Quadrature du Net qui tente tant bien que mal d’agir et veiller au grain. Mais la vigilance reste de mise.

          Protection des données dans l’Union Européenne : Les amendements proposés, écrits par des lobbyistes américains

          EU Data Protection : Proposed Amendments Written by US Lobbyists
          Glyn Moody - 11 février 2013 - ComputerWorld.uk

          (Traduction : Fly, Alpha + anonymes)

          Il devient évident que le lobby autour des directives européennes sur la protection des données est l’un des plus intenses lobbys jamais rencontrés, certains activistes ont déclaré que le phénomène était même pire que durant le projet de loi ACTA, alors que du côté des États-Unis, le bruit court qu’une guerre commerciale est sur le point d’être lancée si la loi est voté sous sa forme actuelle.

          Etant donné la pression exercée pour affaiblir la protection de notre vie privée, une question-clé est : qui défend nos intérêts ?. La réponse évidente serait les députés européens, puisqu’il s’agit de nos représentants élus au Parlement Européen. Leur travail consiste précisément à nous représenter et dans ces circonstances particulières et à nous défendre. Et certains, tel le député européen Vert, Jan Albrecht, font probablement de leur mieux, comme j’ai pu l’écrire dans un billet précédent. Mais qu’en est-il du reste ? Que font-ils exactement ?

          Dans le passé il était impossible de répondre à cette question, mais grâce aux miracles de la technologie moderne, et à l’avènement de l’ouverture des données qui permettent l’accès à toutes sortes d’informations. Il est désormais possible d’obtenir une vision claire de ce que font nos représentants européens.

          Un nouveau site a été créé, il porte le nom plutôt lourd de LobbyPlag (NdT : Association des mots lobby et plagiat). Aussi disgracieux, que son nom puisse être, ce site ne décrit pas moins une vérité choquante : les députés européens proposent des amendements sur le projet de loi sur la protection des données qui reprennent mot pour mot les propositions des lobbyistes. En tout état de cause, ce qui est inquiétant ici n’est pas le plagiat, mais plutôt le fait que les mesures destinées à protéger les populations européennes soient supprimées ou altérées par les mêmes personnes que nous avons élues pour nous défendre.

          Voici par exemple, un paragraphe important sur le fichage. On peut lire, sur la version originale :

          Chaque personne physique (NdT : every natural person) doit avoir le droit de ne pas être soumis à une mesure entraînant des effets juridiques relatifs à cette personne physique particulière ou l’atteignant de manière significative, dès lors qu’elle se base uniquement sur un traitement automatisé ayant pour but l’analyse ou la prédiction de certains aspects personnels en lien avec cette personne physique, en particulier, l’efficacité au travail, la situation financière, la localisation, la santé, les préférences personnelles, la fiabilité, ou le comportement de cette personne physique.

          Mais la Chambre de Commerce américaine, cette célèbre organisation européenne, n’aimait pas cette version et a souhaité la changer en :

          Une personne concernée par la collecte des données (NdT : a data subject) ne doit pas faire l’objet d’une décision injuste ou discriminatoire uniquement basée sur le traitement automatisé ayant pour but l’évaluation de certains aspects personnels liés à cette personne.

          Ce qui est sensiblement différent car on supprime ici un droit important.

          Or quel texte a été proposé par des députés européens dans pas moins de trois commissions ? Le voici :
          Une personne concernée par la collecte des données ne doit pas faire l’objet d’une décision injuste ou discriminatoire uniquement basée sur le traitement automatisé ayant pour but l’évaluation de certains aspects personnels liés à cette personne.

          Ce qui correspond donc mot pour mot à la demande de la Chambre de Commerce américaine.

          Voici un exemple explicite, issu d’une section extrêmement récente, rédigée par des députés européens, on peut y lire ce qui suit :
          La personne responsable est supposée avoir accompli les obligations en exergue dans le paragraphe 1,lorsqu’il s’agit de choisir un organisme certifié de manière autonome ou ayant obtenu une certification, un sceau ou marqué comme étant conforme aux articles 38 ou 39 de ce Réglement, démontrant l’implémentation de normes techniques et de mesures organisationnelles appropriées en réponse aux exigences mises en exergue dans ce Règlement.

          Ce qui rend la certification autonome quasiment suffisante pour les services de cloud computing. Alors, d’où vient ce texte sinon d’une modification précise suggérée par Amazon ?

          La personne responsable est supposée avoir accompli les obligations en exergue dans le paragraphe 1,lorsqu’il s’agît de choisir un organisme certifié de manière autonome ou ayant obtenu une certification, un sceau ou marqué, démontrant l’implémentation de normes techniques et de mesures organisationnelles appropriées en réponse aux exigences mises en exergue dans ce Règlement.

          Ce qui donc, par une autre extraordinaire coïncidence, est quasiment identique à ce que des députés européens ont choisi comme une très bonne idée.

          LobbyPlag fournit une analyse intéressante sur le pourcentage d’amendements proposés avec du contenu repris des lobbyistes. Ci-dessous les chiffres pour les députés anglais calculés par le site :
          • Giles Chichester (giles.chichester@europarl.europa.eu) : amendements repris des lobbys : 10 sur 44 (22.73%)
          • Malcolm Harbour (malcolm.harbour@europarl.europa.eu) : amendements repris des lobbys : 14 sur 55 (25.45%)
          • Sajjid Karim (sajjad.karim@europarl.europa.eu) : amendements repris des lobbys : 13 sur 55 (23.64%)
          • Emma McClarkin (emma.mcclarkin@europarl.europa.eu) : amendements repris des lobbys : 1 sur 8 (12.50%)
          Malheureusement, à l’heure actuelle, aucun de ces députés européens ne me représente donc je ne pourrais pas les contacter. Mais si l’un de vos députés apparaît, ils ont le devoir de vous répondre donc peut-être que vous devriez leur envoyer un courriel et leur demander pourquoi ils ont proposé ces amendements qui sont repris mot-à-mot ou presque d’entreprises américaines et de lobbyistes et que cela nuira à la population européenne tout en bénéficient à ces mêmes entreprises américaines.

          Vous pourriez leur demander qui ils pensent représenter réellement : vous et 500 millions citoyens européens dont les impôts paient leurs salaire, qui s’élève actuellement à 80.000 £ par an (NdT : 93 000 € environ) ou alors, une poignée d’entreprises américaines ayant pour but de nous spolier notre vie privée pour pouvoir devenir encore plus riche ?

          Si jamais vous recevez un réponse intéressante, merci de me l’envoyer à glyn.moody(AT)gmail.com que je puisse la partager avec mes lecteurs. Je suis certain que les explications seront passionnantes.

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          Etudes sur le sujet

          Revue de littérature et périodisation de l’histoire moderne des fondations philanthropiques en Europe et aux États-Unis : Les cinq âges d’or de la philanthropie

          Mathieu Charbonneau

          UQAM

          Crises Centre de recherche sur les innovations sociales

          La collection Études théoriques propose des textes conceptuels et de réflexion sur des thématiques spécifiques.

          Pour télécharger l'étude, cliquer Québec

          Approche et questions de méthodes

          Depuis quelques années, un constat se dégage au sein du milieu universitaire québécois concernant l’insuffisance des connaissances au sujet des fondations philanthropiques (Fontan, Lévesque et Charbonneau, 2011). Malgré l’ancienneté du phénomène – la première fondation canadienne, la Fondation de la famille J.W. McConnell, ayant été fondée à Montréal en 1937 –, peu de recherches sont à ce jour disponibles sur la philanthropie au Canada et au Québec. Il apparaît donc nécessaire de prendre un recul socio-historique pour ensuite mieux appréhender ce champ de recherches émergeant. Dans ce contexte, la présente contribution propose une revue de littérature de l’histoire moderne de la fondation et de la philanthropie en Europe et aux Etats-Unis structurée à travers une périodisation historique.

          Dans ce qui suit, nous constaterons que l’histoire de la philanthropie est consubstantielle des dynamiques matérielles et des structures institutionnelles qui rendent cette pratique possible en premier lieu : l’accumulation des richesses et du capital d’un côté, et la firme et la fondation de l’autre. Depuis l’avènement de la modernité capitaliste, le phénomène de la philanthropie s’inscrit en effet à la remorque de l’accumulation du capital, de la structure des inégalités et des innovations institutionnelles et technologiques. Nous appréhendons donc le philanthrope, malgré sa puissance propre, comme un agent social historiquement et institutionnellement situé. Autrement dit, son esprit d’entreprise et son sens des affaires sont entièrement dépendants des structures politico-économiques de même que des formes organisationnelles et institutionnelles à sa disposition dans le temps et l’espace.

          Dans la littérature, cette approche n’est toutefois pas totalement originale : deux analyses viennent appuyer notre démarche. D’un côté, Guilhot (2006) soutient que, loin de s’opposer à l’accumulation du capital, la philanthropie en émane directement. À son sens, philanthropie et reproduction du capital s’inscrivent même en relation de continuité. Il s’agit ainsi d’appréhender les pratiques philanthropiques en considérant que « la philanthropie est un phénomène de second ordre qui ne peut se concevoir que sur le fond d’une pratique d’accumulation de la richesse, qui est nécessairement première. » (Guilhot, 2006 : 8). Dans ce cadre, explique Guilhot, la violence de l’accumulation analysée par Marx serait la condition de nécessité de la « dépense noble » étudiée par Mauss. Devant l’autonomisation de la philanthropie par rapport à ses assises économiques, il apparaît nécessaire de rétablir analytiquement le lien fondamental et réel entre philanthropie et capital (ibid. : 12). De l’autre côté, loin d’adopter un cadre d’analyse anti-utilitariste2 et marxien, Bishop et Green (2008) vont quant à eux observer que les époques de création massive de richesses coïncident avec des vagues intenses de dons philanthropiques : «it seems to be a feature of capitalism that golden ages of wealth creation give rise to golden ages of giving» (Bishop et Green, 2008 : 21). Malgré leur posture libérale, ils reconnaissent en outre que les « âges d’or de la philanthropie » émergeront dans le contexte d’agitations politiques perçues comme menaces envers l’ordre capitaliste (ibid.). Il n’y aurait en somme aucune raison de voir un paradoxe là où il n’y en a pas – comme le font certains (par exemple Dowie, 2001 : x) –, soit entre le développement concomitant du secteur caritatif et des actifs des fondations philanthropiques d’une part, et l’accroissement des inégalités de l’autre.

          Dans cette revue de littérature, nous reprenons la périodisation développée par Bishop et Green (2008), laquelle est structurée en cinq temps : les trois premières époques en Europe et les deux dernières aux États-Unis. Ces auteurs proposent quatre critères permettant de circonscrire un âge d’or de la philanthropie. Premièrement, leur constat général soutient qu’une des caractéristiques de l’histoire du capitalisme corresponde à la coïncidence d’âges d’or de création de richesse et d’âges d’or de la philanthropie. Deuxièmement, les âges d’or de la philanthropie émergeront dans le contexte de bouleversements sociopolitiques perçus comme menaces envers l’ordre social et le pouvoir capitalistes (Bishop et Green, 2008 : 21). Troisièmement, chacun des âges d’or se serait conclu par un renforcement de la position de l’État dans la société et donc par une diminution des activités philanthropiques (ibid. : 28). Quatrièmement, et surtout, ces périodes d’intensification de production de richesses et d’expansion de la philanthropie dépendraient d’innovations majeures dans l’économie et dans les affaires ; la créativité entrepreneuriale auraient ainsi permis l’application d’idées et de pratiques nouvelles au champ philanthropique et par contrecoup au tiers secteur.

          Nous reprendrons ici la périodisation de Bishop et Green tout en la nuançant et en l’enrichissant. Notre malaise principal envers cette périodisation des âges d’or de la philanthropie réside dans la question de l’État. Dit simplement, plus d’État ne signifie pas automatiquement moins de philanthropie, et vice versa. Par exemple, le renouveau contemporain de la philanthropie dans le cadre de la régulation néolibérale ne coïncide pas avec une diminution du rôle de l’État, que ce soit dans la société en général ou dans l’économie en particulier. En effet, l’État s’inscrit régulièrement comme partenaire collaborant avec les fondations philanthropiques ; au Québec, le cas contemporain de la Fondation Lucie et André Chagnon est sur ce point exemplaire. Nous reconnaissons néanmoins qu’il s’agirait d’une véritable « constante » que d’observer dans l’histoire du capitalisme une forte interdépendance de l’État et de la philanthropie. Les crédits...

          Autre étude de Mathieu Charbonneau sur le sujet :

          Le régime de régulation des organisations de bienfaisance et les fondations philanthropiques au Canada et au Québec : un essai d’économie politique historique

          Pour télécharger le document, cliquer : Mathieu Charbonneau

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          Pew drops anchor in Europe

          Worldfishing & Aquaculture - 21 mars 2013

          Menakhem Ben-Yami

          The American NGO Pew Charitable Trusts is spending millions of dollars financing NGOs that deal with marine conservation by coming into public and legal conflicts with the American fishing industry and management, reports Menakhem Ben-Yami.

          ‘The Pew’ originates from donations by the Pew family, an oil industry tycoon. Many American fishermen have been vocal in their suspicions about ideas and actions coming from that direction, claiming first that it's focusing on fisheries to avert public and political attention from industrial pollution, extraction of oil and minerals from the ocean and associated deterioration and destruction of coastal habitats; secondly that all the Pew and other NGOs conservationist crusades promote privatisation of fishery resources, through ‘catch shares’ or tradable quotas (ITQ, IFQ), relocating fishing rights from small-scale fishermen and their businesses to large owners and corporate interests.

          More recently, it seems, the Pew and the NGOs it finances have discovered Europe. According to "BLUE CHARITY BUSINESS”, a report published by the French NGO Collectif Peche and Development (CPD), environmental NGOs, which are currently lobbying in Brussels in the current discussion about the reform of European Common Fisheries Policy, are among those who receive "millions of pounds donated via charitable trusts, funded by huge corporations that might just have a vested interest in swaying public opinion away from fishermen"

          Conflict of interest

          According to anthropologist Dr Mac Chapin, director, Center for the Support of Native Lands, who has worked with indigenous peoples of the South for over 40 years, corporate and government money ow into three big international organisations that dominate the world’s conservation agenda, their programs have been marked by growing conicts of interest with indigenous peoples. Dr Chapin believes that the involvement of corporate and multilateral donors limits the ability of small, independent NGOs' and local organisations to support indigenous peoples versus governmental and corporate infringements into their traditional territories. He also argues that these problems are not merely economic, for senior officials in many of the large NGOs now view indigenous peoples as ‘obstacles to effective conservation’.

          According to CPD secretary Alain le Sann, such environmentalist, sometimes violent, pressure as in the global South is taking now place in Europe. It is aimed initially at weakening of the hold of fishermen on marine space, then to reallocate it away of them to other interests, such as ‘impatient’ conservationists and corporate interests controlling mineral extraction, energy, tourism, aquaculture, etc. To impose their wishes, the conservationists, who serve those interests, play on the sensitivity of public opinion to alarmist and catastrophist propaganda creating and directing public wrath to coastal fishermen.

          Recently, the Pew Foundation has joined the Adessium Foundation, Sommerville College, and Oceans 5 (a coalition of charitable foundations including OAK, WAITT, Marisla, Moore, Planet Heritage) to form the Global Ocean Commission, a private interest coalition aimed at regulating oceans. It has a strong presence in Europe and France through its own NGO (Pew Environmental Group), other NGOs that it has created, and NGO coalitions it has initiated and is steering.

          The push came with establishment of the Pew Ocean Commission in the USA some 10 years ago. The Ocean Commission, initially private, was later taken up by the US government and always piloted by high profile individuals (Leon Paneta who later became Director of the CIA under Obama-1 and Defense Secretary General under Obama-2), or linked to Pew during their career (e.g. Jane Lubchenco the now resigning head of NOAA).

          For example, in a recent WWF study, funded by the Moore, the Walton Family (Walmart), and Packard foundations, the authors argue, quite contrary to the feelings of the people concerned, that well designed marine protected areas closed to fishing (MPAs) help to fight poverty. It seems to be Pew's strategy to ‘help’ governments with MPAs. In the case of France, its promotion of the "Grenelle de la Mer" approach regarding MPAs. For its project in the French outermost waters, Pew has recruited a French specialist, Jean-Paul Michel. Evidently, some Europeans think that those NGOs are acting for American maritime interests.

          Global Ocean Commission

          The private project Global Ocean Commission (GOC) officially launched last February says that one of the main threats to oceans is overfishing, which exacerbates climate (yes!), implying that offshore oil and gas production, marine mineral extraction, and offshore wind farms are considered by GOC sustainable uses. Oceans without fishermen? – asks Alain le Sann.

          The French Le Monde and British The Guardian appeared concurrently with the formal launch of GOC, apparently as the result of efforts by Communications Inc., a firm specialising in communication programs for marine conservation in Europe, with Pew its regular customer that in 2010 paid it US$1.14m. Its clients include at least eight major, some with worldwide presence, conservation organisations.

          The Guardian on 9 February wrote: “David Miliband to head global fight to prevent eco-disaster in oceans". Callum Roberts, who also in The Guardian(10 February) promotes GOC by writing: “The high seas are too precious to be left to plunderers and polluters”. Le Mondeon 11 Feb wrote: “The UN focuses on the protection of the High Seas, the last Wild West”.

          A question should be asked as to what GOC wants the EU to do, if anything, about the chemical industries, refineries, oil-powered power plants, and other heavy industries, as well as ships and urban areas that discharge pollution and litter into sea and rivers, as well as such upstream polluting activities as logging and pulp industries? How about oil spill prevention from oil rigs, and strict observation of double-bottom construction of all tanker ships? Or, for example, marine areas closed to tanker shipping? Will GOC take specific action to save "the Last Wild West" from all those and thus "prevent eco-disasters in oceans"? Or will they take the easy road and keep using fishermen as a scapegoat ?

          Source : Worldfishing & Aquaculture

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